Pour bâtir cette écurie victorieuse, les têtes pensantes étoilées ont allié ambition et opérationnalité, ajustant le groupe sans mettre en péril l’équilibre global. Au final, l’Etoile a construit sa puissance par la victoire sportive, sans oublier la bonne tenue comptable.
Vendredi 30 juin, guidée par la passion d’un fabuleux public, l’Etoile Sportive du Sahel a glané son 11e titre de champion de Tunisie après avoir connu une ascension fulgurante du début jusqu’à la fin du play-off. En cette année forcément céleste pour les Etoilés, l’odyssée a commencé dès le retour du président emblématique Othman Jenayeh dans le giron du club. Et à coups d’humilité, de panache, de psychodrame tantôt et de persévérance surtout, au final, les planètes furent alignées et l’Etoile a été sacrée.
Que dire de plus ? Avec des Etoiles plein la tête, les joueurs peuvent être fiers de ce titre de champion conquis comme dans un conte, au fil des pages et à la force du poignet. Impressionnants de bravoure sur quasiment toute la saison, ils ont gravé dans le marbre une épopée que les fans ont célébrée au milieu d’un nuage de 35 000 inconditionnels, fumigènes et fierté Étoilée compris. Vendredi dernier, l’Olimpico s’est embrasé et il n’avait pas connu ça depuis 2016. Vendredi, le vœu pieux de tous les Etoilés a enfin accédé au réel.
Aujourd’hui, l’ESS est à son firmament après 98 ans d’existence, l’âge d’une certaine jeunesse triomphante. Et que dire de cette liesse à Boujaafar. Seul le football peut générer de tels sentiments et parvenir à cette dimension populaire. Pour revenir au terrain, au rectangle vert, la dernière victoire en cette dernière journée fut celle de toutes les émotions, un moment de partage et de joie. Pour tout dire, Il faisait très chaud, le stade était en feu et tout était irrationnel. Pour l’Etoile, ce titre épouse à merveille les contours d’une saison aboutie où l’équipe s’est imposée à coups de griffe, un Onze éblouissant de bout en bout.
L’ascension vers la victoire
Ainsi va la vie pour l’ESS, un démarrage en trombe lors du warm-up, puis un coup de mou, une remise en question et enfin l’ascension. Pour l’Etoile, aujourd’hui, la montée des marches ne peut que mesurer l’exceptionnalité d’un parcours. Et même si certaines têtes «bourdonnent», froideur des chiffres à l’appui, l’on ne peut que saluer une Etoile rayonnante, portée aux nues pour une qualité de jeu clinique et spectaculaire. En clair, le bilan perceptible, dès les premières salves du play-off, était forcément annonciateur d’un printemps éternel, puis d’un été glorieux.
Cette saison, de fil en aiguille, par ce succès étoilé s’est dessinée la réussite d’un football nouveau, un football où le collectif a pris le pas sur le côté individuel, où la notion de groupe et la discipline ont constitué un levier permanent pour une équipe qui a su se réinventer au gré des journées. Aujourd’hui donc, on peut se faire une idée concise du basculement hiérarchique offert en marge du play-off. Il suffit pour ce faire de se plonger dans son contexte.
En clair, dans l’imaginaire collectif des passionnés de tout bord, en amont, au tout début, desservie par une grosse ardoise à effacer et des échéances à honorer, l’on pensait que l’ESS ne pèserait pas lourd devant le tenant et l’USM en particulier. Au final, nous eûmes droit à un sérieux paradoxe sur fond de camouflet apporté au foot-business, tant le poids historique de l’Etoile, conjugué à la parfaite connaissance de Jenayeh du «milieu» footballistique ont fait la différence. Bref, pour bâtir son écurie victorieuse, le président étoilé a allié ambition et opérationnalité, ajustant le groupe sans mettre en péril l’équilibre global. En fin de compte, l’Etoile a construit sa puissance par la victoire sportive, sans oublier la bonne tenue comptable.
Jamais hégémonique mais toujours dominatrice !
Aujourd’hui, l’on assiste donc à un passage de témoin en haut de la pyramide de notre sport-roi.
Au cours d’une saison sobrement gérée, sans quasiment jamais surfer sur la démesure, l’Etoile de Faouzi Benzarti a mis en place ses idées, optant même tantôt pour une approche aussi cartésienne que calculatrice. Pas besoin de révolution en l’état pour avancer. L’évolution suffit amplement. Pas besoin aussi de pousser plus que de raison le cursif offensif du bloc-équipe pour créer des déséquilibres. Avec un Oussama Abid au sommet de sa créativité, balle au pied, un Abdelli percutant et un Chamakhi performant, l’ESS est surarmée devant, et ses atouts offensifs sont d’ailleurs significativement supérieurs à ceux de la saison dernière si l’on ajoute les rôles joués par Boutmene et surtout Vinny en préambule de championnat. Au sujet de Bongonga d’ailleurs, par moments en phase 1 du championnat, le véloce Congolais s’est plus que mué en canonnier confirmé, adoptant la plupart du temps ce fameux « dépassement de fonction » qui désaxe toute une ligne de jeu adverse. Et il y a aussi le vaillant Jacques Mbé, un milieu «box to box» qui fait preuve d’une vraie capacité à lire le jeu, avec un temps d’avance, de façon à se placer sur les lignes de passe entre les milieux adverses et leurs attaquants axiaux. Globalement, le Camerounais surveille, bondit, traverse les lignes dès que la situation de jeu l’autorise et s’adapte en conséquence.
A présent, pour le néo-champion de Tunisie, c’est une certitude, une conviction inébranlable d’avoir été un cran au-dessus de tous ses concurrents. Une évidence même, celle d’être une formation plus en maîtrise et agréable à regarder. Jamais hégémonique certes, mais toujours dominatrice, l’Etoile récolte à présent ce qu’elle a semé.
crédit photos : © Mokthar HMIMA